dimanche 12 février 2012

19 décembre 2010



Ceci est le quatrième billet relatant mon expérience de showrunner d'une série télévisée française:


D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. Je ne dis pas : « j’ai toujours voulu  écrire », car je ne vois dans le passé ni grande décision, ni projet spécial qui m’aurait tenu lieu de  « vocation », mais je l’ai toujours fait. C’est comme ça. Une habitude comme une autre que j’ai dû prendre lorsque j’étais enfant. On se sent trop loin des gens pour leur parler, alors on leur écrit. Même si on n’envoie pas les lettres.

Et puis un jour on les envoie. Il m’a fallu du travail sur moi-même, une guitare, et sans doute un peu de chance pour passer ce cap.

J’ai donc gardé un rapport très organique à l’écriture. J’ai conscience d’écrire pour arriver jusqu’aux autres. C’est ma façon d’écouter ce qu’ils ont à me dire. De sortir de la pièce. J’y investis beaucoup trop. J’ai un tempérament obsessionnel. Je suis perfectionniste. Je peux travailler quatorze heures par jour sept jours sur sept sans m’en rendre compte. Ecouter les remarques de tout le monde. Réécrire. Reformater. Recommencer… Mais je ne peux pas travailler sur plusieurs projets en même temps. J’ai besoin d’être dédié à quelque chose. Et j’ai besoin de faire tout ça pour pouvoir y inviter des gens. Si je regarde les choses avec honnêteté, l’écriture est ce qui me « socialise ».

C’est pour ça que le travail de showrunner me convient bien. C’est un job de processus, un job compétitif, un job qui met les gens ensemble, qui construit les choses, qui veut le meilleur de chacun pour offrir le meilleur à tous. C’est mon carburant. C’est mon credo. C’est ma passion. C’est mon calvaire.

Tout ça pour vous dire qu’en cette période de dernier « polissage » des scenarios, je suis fier de ce que nous avons accompli. Nous avons encore beaucoup à faire, à refaire, à défaire parfois pour recommencer. Mais je crois que « ce qu’il faut » est là.

Tout ça pour vous dire qu’au premier janvier, nous quittons les locaux de la production pour investir nos propres locaux. Ceux de la série. Oh ! Pas loin. Juste à coté sur le même palier, mais ce seront les nôtres !

Tout ça pour vous dire que la fin de l’année approchant, je me sens plus fort et plus grand qu’au début, parce que chaque jour fédère de nouveaux talents, amène de nouvelles idées qui vont faire de ce show une série meilleure encore que celle dont je rêvais, au départ, pour les gens qui viendront la voir.  

Et pour un p’tit gars qui postait pas ses lettres, croyez-moi, c’est pas rien…